Source: International Federation of Human Rights (FIDH) |

Centre - Mali : arrêter et juger les responsables du massacre d'Ogossagou pour enrayer la spirale des violences communautaires

La récurrence des attaques contre des villages peuls dans cette zone sont constitutifs de crimes contre l’humanité

Nous condamnons ce nouveau massacre contre des civils majoritairement peuls, qui vient s’ajouter à une série d’exactions et d’attaques constitutifs de crimes contre l’humanité

PARIS, France, 26 mars 2019/APO Group/ --

L'AMDH et la FIDH condamnent fermement le massacre d'au moins 160 civils le 23 mars 2019 dans le cercle de Bankass, attribué à des éléments de Dan Na Ambassagou, une milice communautaire Dozo. Dans un rapport d’enquête de novembre 2018 (1), nos organisations évoquaient déjà plusieurs tueries commises dans la zone par cette milice, notamment dans le cercle de Koro. La récurrence des attaques contre des villages peuls dans cette zone sont constitutifs de crimes contre l’humanité. Aussi, nous réitérons nos demandes à ce que soient engagées des enquêtes indépendantes et des poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes contre l’humanité commises par toutes les parties depuis 2015 au centre du pays. A commencer par l’arrestation et le jugement des responsables du massacre d’Ogossagou.

Le 23 mars 2018 à l’aube, des hommes armés identifiés comme des chasseurs Dozos ont attaqué les villages Peuls d’Ogossagou, situé à 14 km de Bankass. Ils ont massacré plus de 160 personnes dont des femmes et des enfants, fait une cinquantaine de blessés, incendié plus de 450 habitations, et abattu du bétail.

« Nous condamnons ce nouveau massacre contre des civils majoritairement peuls, qui vient s’ajouter à une série d’exactions et d’attaques constitutifs de crimes contre l’humanité » dénonce Me Drissa TRAORE, vice-président de la FIDH.

Les autorités maliennes ont annoncé l’ouverture d’une enquête et ont relevé plusieurs responsables militaires, parmi lesquels le chef d’État major des armés et le chef d’état major de l’armée de terre. Le conseil des ministres extra-ordinaire convoqué le 24 avril 2018 par le président Ibrahim Boubacar Keita a également décidé de la dissolution de la milice dogon Dan Na Ambassagou.

Cette dissolution est toutefois insuffisante. Elle doit s’accompagner d’enquêtes impartiales sur les auteurs de ces exactions et le rôle des milices, suivies du jugement des responsables et perpétrateurs du massacre d’Ogossagou. Constituées et armées en réaction aux exactions et tueries des groupes djihadistes, les milices du Centre Mali ont bénéficié d’une indulgence ayant largement nourrie une spirale de violence communautaires devenue hors de contrôle.

« Si nous saluons les premières mesures d’urgence prises par le Président Keita, nous réitérons notre demande de voir les milices désarmées et démantelées. Nous demandons également d’engager des enquêtes indépendantes et des poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes contre l’humanité commis par toutes les parties au centre du pays » déclare Me Moctar Mariko, président de l’AMDH. « Au Mali, l’impunité pour ceux qui commettent des crimes de masse comme à Ogossagou est l’une des raisons de la poursuite des exactions et de leur ampleur » ajoute-t-il.

L'AMDH et la FIDH rappellent une fois de plus qu'il est impératif de désarmer et démanteler sans délai tous les groupes armés et milices qui sévissent illégalement tant au centre qu'au nord du Mali. Ce démantèlement implique notamment un retour effectif de l’État malien et de ses troupes pour protéger et assurer l’ordre dans ces zones meurtries par les attaques des groupes djihadistes et les violences communautaires.

(1) « Dans le centre du Mali : les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme »: https://www.fidh.org/IMG/pdf/fidh_centre_du_mali_les_populations_prises_au_pie_ge_du_terrorisme_et_contre_terrorisme.pdf

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