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Tunisie : des experts de Organisation des Nations Unies (ONU) dénoncent des abus et des manœuvres dangereuses lors de l’interception de migrants en mer

Entre janvier et juillet 2024, 189 personnes, dont des enfants, auraient perdu la vie lors des traversées et 265 lors des opérations d’interception en mer

NEW YORK, États-Unis d'Amérique, 15 octobre 2024/APO Group/ --

Des experts indépendants des Nations Unies se sont alarmés, lundi, des rapports faisant état de violations des droits humains à l’encontre de migrants, de réfugiés et de victimes de la traite lors d’opérations de recherche et de sauvetage et de transferts vers les zones frontalières.

Ils notent qu’entre janvier et juillet 2024, 189 personnes, dont des enfants, auraient perdu la vie lors des traversées et 265 lors des opérations d’interception en mer ; quatre-vingt-quinze personnes sont portées disparues et, dans certains cas, elles pourraient être victimes de disparitions forcées ou d’actes assimilables à des disparitions forcées.

« Nous avons reçu des rapports choquants faisant état de manœuvres dangereuses lors de l’interception de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile en mer, de violences physiques, y compris des coups, des menaces d’utilisation d’armes à feu, l’enlèvement des moteurs et du carburant, et le chavirement des bateaux », ont déclaré les experts.

Des transferts forcés de migrants vers les frontières avec l’Algérie et la Libye

« Les rapports reçus font état d’allégations de transferts forcés arbitraires vers les frontières avec l’Algérie et la Libye, sans accès à l’aide humanitaire », ont déclaré les experts, “sans tenir compte des risques de déshydratation, de malnutrition ou de blessures causées par les coups de soleil”.

Pour ceux qui sont ‘sauvés’ par les garde-côtes, y compris les victimes de la traite, leur situation ne ferait qu’empirer au moment du débarquement dans les ports. Les experts ont également fait part de leurs préoccupations concernant les informations selon lesquelles les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile subsahariens sont soumis à des degrés de violence plus élevés de la part des forces de sécurité tunisiennes.

« Nous sommes consternés par les violences signalées et l’usage excessif de la force lors de ces transferts. Les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile, y compris les enfants et les femmes enceintes, seraient emmenés dans les zones désertiques à la frontière avec l’Algérie et la Libye, et les gardes-frontières leur tireraient dessus s’ils tentaient de revenir », ont affirmé les experts.

Des exploitations d’enfants dans les zones frontalières

Les experts ont également exprimé leur inquiétude face à l’augmentation du nombre de groupes criminels impliqués dans la traite des personnes et face aux informations faisant état de violences sexuelles, y compris de viols, à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile en Tunisie. 

« Nous avons également reçu des rapports faisant état d’abus sexuels et d’exploitation d’enfants, ainsi que de viols de femmes et de filles âgées d’à peine 10 ans dans les zones frontalières », ont déclaré les experts.

Or malgré ces « graves allégations », la Tunisie continue d’être considérée comme un « lieu sûr » après les opérations de recherche et de sauvetage en mer.

En effet, la coopération se poursuit après la conclusion du protocole d’accord sur un partenariat stratégique et global entre l’Union européenne et la Tunisie, « ce qui porte gravement atteinte aux droits de l’homme internationaux et au droit international des réfugiés », ont regretté les experts.

Outre les membres du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, ce communiqué a été endossé par Siobhán Mullally, Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres humains et Gehad Madi, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants ;

Ashwini K.P., Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines de racisme et de xénophobie; Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.

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