Source: UN News |

Soudan : près de 400.000 déplacés rentrent chez eux malgré l'insécurité et la crise humanitaire

Plus de la moitié des personnes déplacées sont des enfants, dont 27 % ont moins de cinq ans

NEW YORK, États-Unis d'Amérique, 27 mars 2025/APO Group/ --

Des milliers de déplacés internes ont regagné depuis décembre dernier leurs localités d’origine au Soudan dans un contexte marqué par une insécurité persistante et une crise alimentaire aiguë, a indiqué jeudi une agence des Nations Unies, relevant qu’il s’agit de la première baisse du nombre de déplacés malgré l’intensité des combats à Khartoum et au Darfour. 

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés internes a diminué de 2,4 % au cours des trois derniers mois, marquant la première baisse depuis que la crise a éclaté il y a près de deux ans. 

« Depuis décembre 2024, 396.738 personnes ont regagné leur lieu d’origine dans les États d’Al Jazirah, de Sennar et de Khartoum », a détaillé l’OIM.

« Ce mouvement reflète une évolution prudente mais pleine d’espoir, les communautés cherchant à récupérer leurs maisons et à reprendre leur vie après des mois de conflit intense ».

Pour l’agence onusienne basée à Genève, cette baisse est principalement due au fait que les personnes retournent dans leur lieu d’origine. « Toutefois, les personnes qui retournent chez elles reviennent dans des régions où il y a très peu d’abris, de nourriture, d’infrastructures, d’éducation et d’autres services de base adéquats ».

Hausse des déplacements au Darfour du Nord et au Nil Blanc

Dans le même temps, les déplacements depuis les États du Darfour du Nord et du Nil Blanc ont augmenté en raison de l’insécurité croissante.

« Alors que de nombreuses personnes sont désireuses de rentrer chez elles, les conditions d’un retour et d’une intégration sûrs et durables ne sont pas encore réunies », a noté Mohamed Refaat, Représentant de l’OIM au Soudan.

Au total, le Soudan accueille actuellement environ 11,3 millions de déplacés internes, y compris ces familles qui ont été déplacées avant et après le début du conflit. La majorité des personnes déplacées l’ont été à partir de Khartoum, du Darfour du Sud et du Darfour du Nord.

Plus de la moitié des personnes déplacées sont des enfants, dont 27 % ont moins de cinq ans. Les filles de moins de 18 ans représentent environ 28 % de la population déplacée, révèle le rapport.

Près de quatre millions de personnes sont également passées dans les pays voisins, dont la majorité en Égypte, au Soudan du Sud et au Tchad.

« Près de deux ans de conflit incessant au Soudan ont infligé d’immenses souffrances, déclenchant la crise humanitaire la plus importante et la plus dévastatrice au monde, avec plus de 30 millions de personnes - plus de la moitié de la population - ayant besoin d’une aide humanitaire, dont 16 millions d’enfants », a déclaré M. Refaat de l’OIM.

825.000 enfants piégés par les combats à Darfour

La guerre entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) commandées par Mohamed Hamdane Daglo a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué une crise humanitaire majeure.

Sur le terrain, les combats ne faiblissent pas, notamment dans la capitale Khartoum ou au Darfour.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) note que près de 825.000 enfants sont piégés par les combats qui font rage autour d’une ville assiégée du Darfour.

« On estime à 825.000 le nombre d’enfants pris au piège d’une catastrophe grandissante à El Fasher et dans ses environs », a déclaré Sheldon Yett, Représentant de l’UNICEF pour le Soudan.

Ces enfants représentent la moitié des 900.000 personnes qui seraient toujours piégées à El Fasher et des 750.000 déplacés du camp voisin de Zamzam, frappé par la famine.

Avec les combats au Darfour du Nord, plus de 60.000 personnes ont été déplacées ces six dernières semaines, s’ajoutant aux plus de 600.000 déplacées -- dont 300.000 enfants -- depuis le début de la guerre en avril 2023.

Toutes les routes d’accès sont bloquées

L’UNICEF dénonce aussi une recrudescence des violations graves des droits des enfants au Darfour depuis le début de l’année, avec 110 violations graves confirmées et plus de 70 enfants tués ou mutilés en trois mois à El Fasher.

« La mort est une menace constante pour les enfants, que ce soit à cause des combats autour d’eux ou de l’effondrement des services vitaux dont ils dépendent pour survivre », a ajouté M. Yett.

Sur le terrain, toutes les routes d’accès sont bloquées. « Les groupes armés prennent pour cible les villages ruraux et l’insécurité a rendu l’acheminement de l’aide et des biens commerciaux quasiment impossible », a souligné l’UNICEF.

L’insécurité rend l’acheminement de l’aide humanitaire et des biens commerciaux « presque impossible », provoquant des pénuries « alarmantes d’eau, de nourriture, de médicaments et de produits nutritionnels ».

L’UNICEF estime que 500.000 enfants sont en danger immédiat si les fournitures ne peuvent être acheminées.

La région est déjà frappée par une malnutrition galopante, avec au Darfour du Nord 457.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë, dont 146.000 de la forme la plus grave et la plus mortelle, selon l’ONU. Six localités de l’État sont menacées de famine, toutes parmi les plus touchées par la violence et les difficultés d’accès.

Distribué par APO Group pour UN News.

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