Source: UN News |

République démocratique du Congo : Au Sud-Kivu, des centaines de milliers de déplacés vivent dans des conditions précaires

Les rebelles du M23 mènent une offensive militaire dans l'est de la RDC, avec le soutien de l'armée rwandaise, et on pris le contrôle de territoires des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu

NEW YORK, États-Unis d'Amérique, 15 mars 2025/APO Group/ --

La poursuite des violences dans les territoires d'Uvira et de Fizi de la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a contraint près de 370.000 personnes à fuir leurs foyers depuis début février, ont prévenu vendredi les agences humanitaires.

En outre, dans le territoire de Walungu, également au Sud-Kivu, des affrontements auraient contraint plus de 20.000 personnes à fuir depuis le 3 mars. Ces personnes « ont un besoin urgent de nourriture, d'eau, d'abris et d'autres biens essentiels », a précisé le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse à New York.

Il a souligné que de graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme ont été signalées, dont près de 400 cas de violences sexuelles à Uvira entre le 9 et le 25 février, selon les informations des partenaires locaux qui suivent la situation. Des organisations humanitaires ont également été ciblées à Uvira.

Depuis le début de l'année, les rebelles du M23 mènent une offensive militaire dans l'est de la RDC, avec le soutien de l'armée rwandaise, et on pris le contrôle de territoires des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Accès limité à l'eau potable

L’Unicef a alerté vendredi que les centaines de milliers de personnes qui ont dû fuir le conflit au Sud-Kivu, vivent dans des conditions précaires, se réfugiant dans des écoles, des églises ou à la belle étoile, avec un accès limité à l'eau potable, à l'assainissement, aux soins de santé et à l'éducation.

La violence persistante dans la province a entraîné une forte augmentation des violations graves contre les enfants. Les cas confirmés ont augmenté depuis janvier 2025, soit une hausse d'environ 150 % par rapport à décembre 2024. Ces violations comprennent des violences sexuelles, des meurtres, des mutilations, ainsi que le recrutement et l'utilisation d'enfants par des groupes armés.

Le Représentant par intérim de l'Unicef en RDC, Jean-François Basse, s'est rendu dans l'est du pays début mars pour constater de visu l'impact de la crise à Bukavu, principale ville du Sud-Kivu, et évaluer l'intensification de la réponse de l’agence onusienne.

« J'ai rencontré des enfants non accompagnés cherchant refuge aux Cliniques universitaires – des enfants qui ont tout perdu. Leur détresse est immense, et chaque jour sans une réponse humanitaire plus forte aggrave leurs souffrances », a prévenu M. Basse. « Nous sommes confrontés à une crise de protection sans précédent. Les enfants sont pris pour cible. Ils sont tués, recrutés, arrachés à leurs familles et exposés à d'horribles violences sexuelles et physiques ».

Les combats ont également considérablement limité les opérations humanitaires. La fermeture de l'aéroport de Kavumu, situé à 25 kilomètres au nord de Bukavu – un point d'entrée vital pour l'acheminement des fournitures essentielles – et la fermeture des banques ont perturbé les opérations sur le terrain et retardé les paiements et les distributions.

Hôpitaux surchargés

Le secteur de la santé est débordé, avec des hôpitaux surchargés et des pénuries de médicaments et de matériel. Plus de quinze établissements de santé ont été partiellement détruits, tandis que des épidémies de choléra, de rougeole et de mpox se propagent. Depuis janvier 2025, 377 cas de choléra ont été signalés, avec une augmentation inquiétante de 146 nouvelles infections fin février, affectant particulièrement les sites de déplacement et les zones de santé de Minova et d'Uvira.

L'éducation a également été impactée, avec la fermeture de plus de 1.000 écoles dans la province, perturbant la scolarité de plus de 300.000 élèves. Rien qu'à Bukavu, 19 écoles se sont transformées en abris de fortune pour les familles déplacées, soulignant le besoin urgent de solutions alternatives pour répondre à la fois aux besoins éducatifs et humanitaires.

Face à cette situation critique, l'Unicef et ses partenaires intensifient leur soutien vital aux enfants et aux familles. Des efforts sont menés pour réunir les enfants non accompagnés avec leurs familles. Quatre « points d'écoute » opérationnels offrent désormais un soutien psychosocial et une orientation vers les services aux enfants et aux familles touchés.

Empêcher la propagation du choléra

L'accès à l'eau potable et à l'assainissement s'améliore également, avec trois stations d'épuration fournissant 180.000 litres d'eau potable par jour. Parallèlement, des équipes mobiles de l'Unicef interviennent dans les zones touchées par le choléra pour la désinfection, la sensibilisation et l'orientation médicale.

Jeudi, le Fonds central d'intervention d'urgence de l'ONU (CERF) a alloué 750.000 dollars pour contribuer à empêcher la propagation de l'épidémie de choléra à la province du Nord-Kivu. Ces ressources serviront à soutenir l'Unicef, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires dans la fourniture d'eau, d'assainissement, d'hygiène et de soins de santé.

L'Unicef et ses partenaires s'emploient également à rouvrir les écoles, à plaider en faveur du déminage et à évaluer les installations endommagées en vue d'une réhabilitation rapide.

« Nous appelons toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités, à protéger les enfants, à respecter le droit international humanitaire et à garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave », a déclaré M. Basse.

Distribué par APO Group pour UN News.

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