Le poste se situe dans la préfecture de Lim-Pendé (nord-ouest de la RCA) et abritera six services d’Etat. Il a été construit grâce à la MINUSCA, dans le cadre de son appui au Gouvernement centrafricain à la mise en œuvre de la Politique nationale de gestion des espaces frontaliers (PNGEF) et de l’extension de la présence et autorité de l’Etat.

L’inauguration de ce poste mixte frontalier dans la région de Yade, près de la frontière avec le Tchad, ne semble plus lointaine, un peu plus de cinq mois après le lancement officiel des travaux, le 8 août 2024, par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la République centrafricaine, le Ministre de l’administration du territoire, de la décentralisation et du développement local (MATDDL) et Ministre résident de la Préfecture de Lim Pende, et le Ministre de l’intérieur et de la sécurité publique (MISP), en présence des autorités locales et des acteurs locaux.

« Le bâtiment est très beau », souligne Clarisse, une restauratrice installée à une centaine de mètres du poste. « C’est une très bonne réalisation », lance pour sa part Victor Miabé, agent des douanes au poste de Bemal (nord-ouest) et peut-être l’un des futurs fonctionnaires qui servira au sein de cette infrastructure.

Le bâtiment est constitué d’une partie administrative abritant six services - Gendarmerie, Police, Douanes, Eaux et Forêts, Élevage et Service phytosanitaire - et d’une zone résidentielle, disposant de dortoirs, cuisine et toilettes. Sa construction et son équipement ont été financés par la MINUSCA grâce aux fonds programmatiques d’UNPOL à hauteur de 250 millions de francs CFA.

 Tout en remerciant la MINUSCA, les fonctionnaires des services d’État concernés mettent en avant l’impact qu’aura le poste mixte par rapport à Bemal, situé à 13 km de Bembéré, où sont actuellement installés les six services dans des bâtiments séparés.

« A Bemal nous n’avons pas de parking alors qu’au poste mixte de Bembéré, il y a des espaces réservés pour cela. Nous pourrons également décharger les véhicules pour savoir exactement quelles marchandises sont transportées. Assurément, nous travaillerons mieux là-bas », souligne l’agent des douanes. Point de vue partagé par Mitterrand Bero, autre agent d’État, qui déplore « les conditions de travail actuelles très difficiles ». « Avec le nouveau bâtiment, nous allons mieux travailler. Nous serons à l’abri du soleil et de la pluie », dit-il. « Cela me fera plaisir d’aller travailler dans les nouveaux bureaux. Nous espérons travailler ensemble aussi avec nos collègues de l’autre côté de la frontière, c’est-à-dire les Tchadiens », explique pour sa part Joseph Binguibanda, responsable du poste phytosanitaire de Bemal.

 Le nouveau poste mixte et ses bâtiments peints plaisent également à la population locale, surtout Séverine Deo pour qui c’est la preuve que le travail entre la MINUSCA et le Gouvernement porte ses fruits.

« Ce poste nous fait déjà beaucoup de bien. Avant même qu’il soit opérationnel, nous savons que qu’il nous rend déjà service », dit cette habitante de la région, en plaidant pour que « ce qui a été construit ici le soit aussi ailleurs si possible ». Quant à Clarisse Naryom, elle y voit surtout l’impact sécuritaire : « La paix est désormais installée ici. Les hommes armés qui faisaient des incursions avant ne le font plus. Nous vivons bien maintenant. On ne fuit plus en brousse. Le poste qu’on nous a construit est vraiment bien. On a même creusé un forage. Cela résout le problème d’eau qu’on avait auparavant. Avec cette aide de la Minusca nous avons de meilleures conditions de vie ». Désormais, elle espère pouvoir augmenter ses revenus quand les bureaux seront opérationnels.

Alors que les préparatifs pour l’inauguration et la mise en service du poste mixte de Bembéré sont en cours, la MINUSCA a organisé du 7 au 9 janvier une formation sur la gestion intégrée des frontières dans un poste frontalier mixte qui a réuni 15 gendarmes et 15 policiers de Ngaoundaye, Bémal et Paoua.

Selon Abigaelle Dipoum Languidia, cheffe de poste UNPOL à Paoua, « cette formation a pour but de former les FSI, les outiller des procédures standards pour gérer un poste mixte dans les espaces frontaliers, relatives aux flux des mouvements, le contrôle des véhicules, la tenue des registres et le respect des droits de l’homme dans l’exercice de leurs fonctions ». 

Pour le sous-préfet de Paoua, Boniface Désire Bissadé, « avec plusieurs frontières, il faut un contrôle, il faut une sécurité. Et pour tout cela, il faudrait que les gens soient formés pour qu'ils puissent vraiment bien travailler ».

Quant aux participants, ils appellent la MINUSCA à appuyer la construction de postes mixtes frontaliers dans d’autres parties de la RCA telles que Am-Dafock, Bambouti, Gamboula, Mobaye et Ndéré.