African Trade Insurance Agency (ATI)
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La Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF) de l'ACA- Évaluation de son impact quatre ans après son lancement (Par Obbie Banda)

En créant la RLSF, l'ACA et la KfW Envisageaient la mise en place d’un produit de garantie durable au profit de projets d'énergie renouvelable de petite et moyenne taille

Elle a largement contribué à illustrer le rôle de l'ACA en tant que partenaire de choix en matière de soutien aux projets d'énergie renouvelable sur le continent africain

NAIROBI, Kenya, 17 novembre 2021/APO Group/ --

Par Obbie Banda, souscripteur, Agence pour l'Assurance du Commerce en Afrique (ACA) (www.ATI-aca.com)

En novembre 2017, l'Agence pour l'Assurance du Commerce en Afrique (ACA) (https://bit.ly/3DrUoGf) et la Banque de développement KfW (https://bit.ly/3FrUXAn) ont lancé conjointement la Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF) (https://bit.ly/3wTa9n8) - un instrument de garantie conçu pour Pallier les risques de liquidité à court terme auxquels sont confrontés les producteurs indépendants d'électricité (IPP) à travers l'Afrique sub-saharienne, qui vendent d’électricité aux sociétés nationales d'électricité. En créant la RLSF, l'ACA et la KfW Envisageaient la mise en place d’un produit de garantie durable au profit de projets d'énergie renouvelable de petite et moyenne taille, en s'appuyant sur leurs expériences respectives en matière de soutien aux IPP via des produits d'assurance et des initiatives d'approvisionnement pour de tels projets. Outre la RLSF, l'ACA avait précédemment fourni un instrument de liquidité sur mesure pour le projet de parc éolien de 100 MW de Kipeto (https://bit.ly/3kGN7Lh) au Kenya, alors que la KfW était l'initiatrice du programme GET FiT en Ouganda.

Le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) a octroyé un financement total de 32,9 millions d'EUR à la KfW au profit de la RLSF, répartis entre l'assistance technique pour sa mise en œuvre et la garantie en espèces qui constitue la structure unique du produit.

Mode de fonctionnement et attentes générales originelles

La RLSF comprend des garanties en espèces et des garanties d'une valeur maximale de 63,2 millions d'EUR, mises à la disposition de « Absa South Africa » qui, à son tour, émet des lettres de crédit standby (SBLC) au profit des IPP. Les SBLC couvrent jusqu'à six (6) mois de revenus de l'IPP et peuvent être émises pour des durées allant jusqu'à 10 ans - avec une option de renouvellement. Grâce à ses caractéristiques particulières, la RLSF permet aux IPP de soumettre de multiples créances sur une période de 10 ans, en raison de la nature renouvelable de la facilité, sans obligation faite au gouvernement hôte de fournir des contre-garanties avant l'émission de la police.

Les projets dans les pays tels que le Bénin, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Madagascar, le Malawi, l’Ouganda et la Zambie, peuvent bénéficier de la RLSF, en vertu de protocoles d'accord conclus avec l'ACA. En Novembre 2021, l'ACA a émis et finalisé 3 garanties de la RLSF pour soutenir des projets solaires phares au Burundi et au Malawi, représentant d’ailleurs les tout premiers projets solaires dans ces pays. Deux autres garanties sont en cours d'émission et devraient se concrétiser d'ici la fin du premier trimestre de 2022.

Au lancement de la RLSF, l'hypothèse était que la disponibilité d'un tel produit de garantie permettrait la clôture financière d'un plus grand nombre de projets d'énergie renouvelable, et que les délais auxquels ils sont confrontés pour franchir cette étape seraient considérablement réduits - le premier objectif a été atteint dans une large mesure, le second moins bien. Bien que la RLSF et les instruments similaires de liquidité soient impératifs pour combler les lacunes en matière de bancabilité des projets d'électricité connectés au réseau, ils ne servent pas de baguette magique! Les défis macroéconomiques, sectoriels et spécifiques aux projets doivent être relevés de manière adéquate dans chaque pays pour que les projets puissent progresser plus rapidement.

Transactions appuyées

La première police dans le cadre de la RLSF a été émise en Janvier 2020 pour le projet solaire photovoltaïque Mubuga de 7,5 MW (https://bit.ly/3x1FXX5) au Burundi, un projet développé par Gigawatt Global avec le soutien financier d'un consortium de prêteurs tel que la Renewable Energy Performance Platform (REPP), United States International Development Finance Corporation (DFC) (ex Overseas Private Investment Corporation – OPIC) et le Inspired Evolution II Fund. Les deuxième et troisième polices RLSF ont été émises en novembre 2020 pour appuyer les centrales solaires photovoltaïques de 21 MW de Nkhotakota (https://bit.ly/3cnjEBQ) et de 60 MW de Salima (https://bit.ly/3cn9fG0) au Malawi ; ces deux projets appartiennent respectivement à Serengeti Energy (ex responsAbility Renewable Energy Holding (rAREH)) / au groupe Phanes et à JCM Power/ InfraCo Africa Limited.

Les trois projets ajouteront cumulativement 88,5 MW au réseau, ce qui permettra d'étendre l’accès au réseau électrique à plus d'un million de personnes. Les garanties RLSF, d'une valeur totale de 7,8 millions USD pour les trois projets, ont contribué au financement total des projets à hauteur de 119,4 millions USD. Les deux premières polices RLSF ont conjointement remporté le prix « Energy Deal of the Year » (https://bit.ly/3kL4muZ) lors de la cérémonie de “African Bankers Awards 2021” illustrant ainsi l'impact et la reconnaissance positive de la RLSF !

Enseignements tirés

Depuis 2017, le secteur de l'électricité en Afrique Subsaharienne a connu d'importantes mutations : le besoin de garanties de liquidité et d'assurance contre le risque politique a évolué. Alors que les acheteurs d'électricité s'acquittent de mieux en mieux de leurs obligations envers les IPP opérationnelles et que les investisseurs comprennent mieux le risque politique réel dans certains pays (rectifiant les perceptions antérieures), la demande de produits de garantie a progressivement diminué (un scénario défavorable pour les souscripteurs d'assurance contre le risque politique, mais globalement un bon signe !) A titre d'exemple, on peut citer les marchés tels que le Kenya et l'Ouganda où les promoteurs sont de plus en plus à l'aise non seulement avec le risque pays mais aussi avec le risque de liquidité lié aux acheteurs d'électricité dans ces pays.   

Cette tendance, malheureusement, n'a pas épargné la RLSF. Alors qu'il existe toujours une demande constante pour de tels instruments de liquidité, en particulier sur les marchés au stade naissant pour attirer les IPP, les marchés des énergies renouvelables les plus développés ont subi un changement notable. Pour que l'ACA puisse continuer à répondre efficacement à cette demande, des améliorations doivent être apportées à la RLSF - pour rendre sa structure contractuelle plus simple et moins coûteuse et pour que la facilité soit facilement déployée. Vu que d'autres instruments de liquidité sont en cours de développement et qu'ils seront probablement disponibles dans les années à venir, les changements envisagés permettront à la RLSF de maintenir sa compétitivité, sa pertinence et sa capacité à répondre aux besoins du marché.

Restructuration de la RLSF

La structure actuelle de la RLSF fonctionne comme suit : L'ACA et la KfW fournissent conjointement une garantie à Absa South Africa ; Absa émet ensuite des SBLC aux IPP bénéficiaires. L'ACA, en étroite collaboration avec la KfW (ainsi qu'avec d'autres donateurs qui sont sur le point de fournir un financement supplémentaire), apportera des changements fondamentaux à l'avenir : au lieu de fournir une garantie à une banque émettrice de LC, l'ACA sera potentiellement en mesure de fournir des garanties renouvelables directement aux IPP bénéficiaires. Les garanties seront d'une durée plus longue, soit jusqu'à 15 ans, et pourront couvrir jusqu'à 12 mois de revenus de l'IPP. Le financement supplémentaire permettra également d'étendre les critères d'éligibilité à de plus grands projets allant jusqu'à 100 MW (au lieu de 50 MW).

Ces nouveaux changements sont assez importants pour l’ACA et devraient l'être pour toutes les parties prenantes ! La nouvelle structure permettra aux IPP de bénéficier de la notation positive de l'ACA de « A/A3 » (S&P et Moody's respectivement), une amélioration par rapport à toute limitation actuelle due à la notation de la plupart des banques africaines, qui est plafonnée à leur cote souveraine. Les nouveaux contrats qui seront signés entre l'ACA et les IPP seront plus simples - ce qui réduira les délais actuels de négociation de ces accords. En outre, le coût de la couverture RLSF deviendra plus abordable vu que les frais actuellement facturés par la banque émettrice des SBLC ne seront plus pris en compte. Cette nouvelle structure sera mise en place à partir de janvier 2022. 

Impact de la Covid-19

La pandémie de la Covid-19 a eu des répercussions énormes sur tous les pays du monde. L'effet de la pandémie sur la vie et les moyens de subsistance des personnes a déjà mis à rude épreuve les infrastructures de santé et l'économie a été dévastatrice. Son effet sur le secteur de l'électricité a également été évident, bien que son impact réel ne puisse être pleinement perceptible avant un an ou deux. Les compagnies d'électricité ont été confrontées à des plus grandes difficultés financières, non seulement par la réduction de la demande due au ralentissement de l'économie et au déploiement des mesures de confinement, mais aussi par la baisse du recouvrement auprès des utilisateurs finaux, du fait de l'introduction d'amnisties par différents gouvernements. Du coup, la solvabilité de plusieurs compagnies d'électricité a été fortement affectée - sachant qu'avant la pandémie, la situation n'était pas très favorable.

À la suite de ces effets négatifs de la pandémie, le besoin d’instruments de liquidité et d'assurance complémentaire contre le risque politique pouvant couvrir le risque de résiliation, devrait encore se maintenir dans les années à venir.

Numérisation et rôle de l'outil de transparence

Les protocoles d'entente sur la RLSF signés entre l'ACA et les États africains, permettent à l'ACA de recueillir des informations sur le comportement de paiement des acheteurs d'électricité et de partager ces informations avec les autres IPP participants dans chaque pays - de temps à autre, les informations seront mises à la disposition du public par le biais de rapports compilés. Les informations recueillies sont enregistrées et peuvent être consultées via l'outil de transparence (https://bit.ly/3Fg3uGK) - une plateforme numérique lancée par l'ACA en 2019. Avec le temps, on peut espérer que la disponibilité de telles tendances de paiement vérifiées et fiables aidera à aligner le risque de mauvais paiement perçu par les compagnies d'électricité avec la réalité. Le premier rapport de l'outil de transparence a été publié en avril 2021, démontrant que la compagnie d'électricité du Malawi, ESCOM, s'acquittait à temps de ses obligations de paiement envers le seul IPP du pays.

Conclusion

Au demeurant, la RLSF connaît un vif succès depuis son lancement il y a 4 ans - elle a largement contribué à illustrer le rôle de l'ACA en tant que partenaire de choix en matière de soutien aux projets d'énergie renouvelable sur le continent africain. Il n'est cependant pas question de nous endormir sur nos lauriers mais nous continuerons à faire preuve d'innovation, en veillant à ce que la RLSF évolue au rythme des changements du marché. Avec l'expertise croissante de l'ACA dans cet espace particulier de garantie, l'objectif est que ce succès permettra le développement d'instruments de garantie supplémentaires qui peuvent également stimuler et encourager le financement du secteur privé vers une transition énergétique équitable - soutenant potentiellement des projets d'énergie commerciale et industrielle, des mini-réseaux et d'autres initiatives hors réseau.

La réussite de la RLSF est la preuve que la mobilisation de financements pour des projets d'énergie renouvelable de petite et moyenne taille est possible et réalisable, et que, bien que le défi pour alimenter en électricité l'ensemble du continent africain soit énorme, une coopération continue entre les gouvernements, les institutions multilatérales, les organismes donateurs et le secteur privé peut avoir un impact significatif et durable.

Distribué par APO Group pour African Trade Insurance Agency (ATI).

Biographique de l'auteur :
Obbie Banda est souscripteur à l'Agence pour l'Assurance du Commerce en Afrique (ACA).

De nationalité Zambienne, il a rejoint l’ACA en juin 2018 et est responsable des initiatives et du portefeuille du secteur des énergies renouvelables de l'ACA.

Hormis la RLSF, Obbie est responsable de la facilité « African Energy Guarantee Facility (AEGF) », un mécanisme de garantie soutenu par la Banque Européenne d’Investissement (BEI), la KfW, Munich Re et l’ACA, qui permet à l’ACA d’accéder à un vaste pool de capacités d'assurance, offrant ainsi des solutions appropriées d'atténuation des risques et de renforcement du crédit pour faciliter et accroître la participation du secteur privé au secteur énergétique africain.

À propos de l'Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique :
L'ACA a été fondée en 2001 par des États africains afin de couvrir les risques commerciaux et d'investissement des entreprises faisant des affaires en Afrique. L'ACA fournit principalement de l’assurance risques politiques, de l'assurance-crédit et des cautions. En 2020, l’ACA a déclaré des expositions brutes de 6,3 milliards d’USD et un bénéfice net de 39,4 millions d’USD, ces résultats étant attribuables à une forte demande du secteur financier international et des gouvernements africains pour les solutions d’assurance de l’ACA. Depuis sa création, l'ACA a soutenu des investissements et des échanges commerciaux d'une valeur de 70 milliards d’USD en Afrique. Et depuis plus de dix ans, l'ACA a maintenu sa notation de crédit « A/Stable » de Standard & Poor's pour sa solidité financière et son crédit de contrepartie. En 2019, l'ACA a obtenu une notation « A3/Stable » de Moody's.