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Le Trésor sanctionne un haut fonctionnaire de police pour son rôle dans les violences en République démocratique du Congo

Mesures concernant le commissaire de la police de Kinshasa pour violences policières à l’encontre de civils congolais

WASHINGTON D.C., États-Unis d'Amérique, 24 juin 2016/APO (African Press Organization)/ --

Aujourd’hui, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département américain du Trésor a sanctionné un fonctionnaire congolais, Célestin Kanyama, conformément au décret-loi 13413 tel qu’amendé par le décret-loi 13671, qui autorise la désignation de personnes pour certains agissements « contribuant au conflit » en République démocratique du Congo (RDC). En l’espèce, l’OFAC a désigné Célestin Kanyama responsable ou complice ou impliqué, directement ou indirectement, dans le fait de cibler des femmes, des enfants ou des civils quels qu’ils soient en commettant des actes de violence, des enlèvements ou des déplacements forcés en RDC, et l’a également désigné chef d’une unité qui s’est livrée ou dont les membres se sont livrés à de tels agissements. En conséquence des mesures d’aujourd’hui, tous les avoirs de l’individu désigné domiciliés aux États-Unis ou sous contrôle de ressortissants américains sont gelés et les ressortissants américains ont interdiction générale d’effectuer des transactions avec lui.

Les mesures d’aujourd’hui ne sont pas dirigées contre la population congolaise. Elles visent à modifier le comportement de ceux qui sont impliqués dans les violences contre les civils. Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a rapporté que le début 2015 avait été marqué par « une hausse des violations des droits politiques et des libertés publiques commises par les agents de l’État » de RDC, notamment la police. Dans plusieurs provinces, les forces de l’ordre ont violemment réprimé les manifestations organisées contre un nouveau projet de loi électorale dont beaucoup craignaient qu’il ne permette au président Kabila de briguer un troisième mandat. Les heurts entre police et manifestants se sont poursuivis cette année.

Selon John Smith, directeur par intérim de l’OFAC, « alors que le mandat du président Kabila, limité par la Constitution, doit s’achever en décembre, le régime s’est engagé dans un schéma répressif, avec notamment l’arrestation de membres de l’opposition et la dispersion violente de manifestations politiques, dans le but d’éviter l’organisation d’élections nationales. Les mesures prises aujourd’hui par le département du Trésor envoient un message clair : les États-Unis condamnent les violences et les actions répressives du régime, en particulier celles de Célestin Kanyama, qui menacent l’avenir de la démocratie pour la population de la République démocratique du Congo. »

Célestin Kanyama

Le général Célestin Kanyama est le commissaire provincial de la police de Kinshasa. Il appartient au corps de la Police nationale congolaise (PNC). Sous sa direction, les forces de police ont ciblé des manifestants civils en commettant des actes de violence.

Kanyama a été le principal commandant de l’Opération Likofi, une opération de police organisée entre fin 2013 et début 2014 pour combattre la délinquance criminelle à Kinshasa. Toutefois, cette opération n’aurait pas fait respecter la loi à Kinshasa, mais aurait plutôt eu recours à des méthodes violentes illégales pour instaurer un climat de peur. Durant cette opération, Kanyama a été responsable de meurtres extrajudiciaires et de disparitions forcées. Lors de raids à travers la ville, des policiers en uniforme, portant des cagoules noires, ont traîné des suspects hors de leur domicile pendant la nuit sous la menace de leurs armes et sans mandat d’arrêt. Au moins cinquante jeunes hommes et garçons auraient été tués et plus de trente d’entre eux auraient fait l’objet de disparitions forcées durant l’opération.

En janvier 2015, alors que Kanyama était commissaire de police, plus de quarante personnes ont été tuées lors de manifestations à Kinshasa, dont au moins vingt ont été abattues par les forces de sécurité. Les manifestants protestaient contre le projet de modifications de la loi électorale, modifications qui pour beaucoup de Congolais permettraient au président Joseph Kabila de rester au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats.

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