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Remarques de la HRVP Federica Mogherini à la Conférence de presse conjointe avec Monsieur Moussa Faki MAHAMAT, Ministre des Affaires Etrangères du Tchad durant la réunion ministérielle UE-G5

BRUXELLES, Belgique, 17 juin 2016/APO (African Press Organization)/ --

Seul le texte prononcé fait foi  

Monsieur le Ministre, cela a été vraiment un plaisir pour moi de vous accueillir ici à Bruxelles avec les Ministres des Affaires Etrangères du G5 Sahel, exactement un an après notre première réunion dans ce format.

Le Tchad, Le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger sont engagés dans une forme de coopération étroite entre eux et l'Union européenne est à leur côté.

On le voit, le fait de travailler ensemble dans une dimension régionale est la seule façon de faire face aux défis mais aussi de saisir les opportunités auxquelles la région doit faire face.

Les solutions, que ce soit du côté du développement, la création d'emplois - surtout pour la jeunesse - mais aussi sur la lutte contre le terrorisme, le trafic d'êtres humains, la migration irrégulière, passent uniquement par la voie de la coopération régionale entre vous et, de notre côté, passe par un fort partenariat entre l'Union européenne et les pays du G5 Sahel, de façon bilatérale et régionale.  

Cela a été l'objet de la discussion que nous avons eu aujourd'hui, une discussion extrêmement positive, dense, sur beaucoup de points. Nous travaillons quotidiennement, ensemble, avec nos équipes sur ces points. Je dois dire qu'en seulement un an de partenariat dans ce format, nous avons développé des structures et des résultats assez importants.

Je dois souligner 5 points qui, il me semble, sont extrêmement importants après notre discussion d'aujourd'hui.

Tout d'abord, il est essentiel pour nous tous que la mise en œuvre de l'accord de paix au Mali se fasse de la façon la plus rapide possible. C'était un point qui a été souligné par beaucoup aujourd'hui et que l'Union européenne partage complètement. 

Deuxièmement, la situation en Libye est une préoccupation partagée par les pays du Sahel et l'Europe, surtout sur la dimension du contrôle et gestion des frontières Sud de la Libye. C'est une question clé, que ce soit pour une question de sécurité, pour les pays du Sahel mais aussi pour les pays européens, mais aussi pour gérer les flux migratoires à travers la Libye. Et pour nous, il est fondamental d'encourager et de soutenir la coopération des pays frontaliers au Sud de la Libye pour une gestion plus intégrée des frontières - ici le Tchad a aussi une expérience à partager. L'Union européenne est prête à aider et à soutenir, notamment à travers les missions PSDC au Niger et au Mali. Je vais rencontrer cet après-midi, dans quelques heures, avec mon collègue du Tchad et mon collègue du Niger, le ministre des affaires étrangères de la Libye pour approfondir cette discussion et cette piste de travail.

Troisièmement, on partage l'intérêt à travailler ensemble et de façon coordonnée dans la région du Sahel contre le terrorisme. La multiplication des attaques terroristes au Burkina Faso, en Côte D'Ivoire, dans la partie centrale du Mali, mais aussi les récentes attaques par Boko Haram au Niger nous indique que c'est une priorité pour toute la région et c'est une priorité que l'Europe partage.

Ici, nous avons décidé de renforcer notre coopération de façon de plus en plus active dans le domaine de la sécurité. Nous travaillons en ce moment  pour appuyer nos partenaires du Sahel dans le renforcement de leurs capacités en matière de sécurité et défense. Notre action est déjà importante au Mali et au Niger. Notre but est maintenant d'étendre ces actions aux trois autres pays du G5. Nous en avons discutés aujourd'hui et je vais discuter de cela aussi avec les Ministres des Affaires Etrangères le 28, lundi au Conseil [Affaires Etrangères] à Luxembourg.

Nous avons, quatrièmement, discuté de la question de la migration. Le Sahel est à la fois une zone d'origine mais aussi de transit de flux migratoires. Nous avons échangé sur le devoir et la responsabilité qui nous incombent, au Sahel et en Europe, premièrement, de mettre fin à la perte de vies humaines, que ce soit dans la Méditerranée ou dans le désert du Sahara. Nous avons eu, juste hier, la nouvelle de 34 morts, en majorité des femmes et des enfants, au Nord du Niger. C'est une responsabilité et un devoir premièrement humanitaire que l'on partage, au Sahel comme en Europe, et nous avons décidé  de travailler encore plus pour que cela cesse immédiatement. Nous avons décidé donc de travailler plus étroitement ensemble pour traiter de la question de la migration dans tous ses aspects. Vous le savez, j'ai présenté moi-même avec le vice-Président Timmermans le 7 juin une nouvelle approche de la Commission européenne sur la question de la migration. Nous avons commencé à travailler sur ce qu'on a appelé en anglais les "Migration Compacts", les Partenariats Migrations, avec deux pays que l'on a rencontré aujourd'hui, le Niger et le Mali. Ce sont les pays avec lesquels on a commencé à faire ce travail de définition de ces Partenariats Migrations pour gérer ensemble le phénomène de façon durable et compréhensive. 

Dernièrement, mais pas le moins important, la question du développement et en particulier l'attention portée à la création d'emplois et surtout de perspectives pour les jeunes. Nous allons rencontrer 45 jeunes du Sahel dans quelques minutes pour discuter avec eux de la mise en œuvre d'actions concrètes pour la jeunesse sahélienne. C'est extrêmement important pour nous de soutenir le Sahel et les pays du Sahel dans la perspective d'offrir des perspectives aux jeunes. Cela va être important que ce soit pour la lutte contre le terrorisme ou la gestion des flux migratoires. 

Après un an, si je fais un bilan de ce premier pas que notre partenariat a fait: nous avons adopté une feuille de route commune lors du sommet du G5 en Novembre dernier à Ndjamena avec ma participation - cela a été un honneur pour moi -  et pour cela je voudrais vous remercier pour l'invitation et pour l'excellent travail. On s'est vu très souvent cette année, au Sahel pour la plupart des fois.

Nous avons mobilisé le Fonds fiduciaire: Nous avons approuvé à ce jour plus de 500 millions d'euros en faveur des pays du Sahel et du Lac Tchad, financés par le Fonds fiduciaire que nous avions lancé à La Valette  l'année dernière et plus de projets vont être financés dans les mois qui viennent.

Nous avons établi une coopération renforcée avec le Secrétariat Permanent du G5. Nos équipes se réunissent régulièrement pour travailler ensemble y compris dans le domaine sécuritaire. Nous avons décidé d'intensifier ce travail commun de façon à ce que lors de nos prochaines rencontres dans ce format, l'an prochain, ce soit premièrement au Sahel, deuxièmement que nos équipes aient fait un travail comme elles l'ont fait déjà cette année pour faire avancer tous ces dossiers que j'ai nommés.

Ce ne sont que quelques exemples de notre coopération. L'état d'esprit que nous avons partagé aujourd'hui c'est celui selon lequel nous devons travailler encore plus pour passer des plans d'action à l'action commune pour la sécurité et le bien-être de nos citoyens respectifs.

Merci beaucoup. Je voudrais remercier particulièrement et personnellement Monsieur le Ministre et tous les Ministres qui ont participé à cette longue session de travail pour avoir partagé un esprit de véritable partenariat et de coopération; je pense que c'est avec cet état d'esprit que l'on peut faire  face aux défis que l'on partage.

Merci. 

Q&A

Q. Sur la mission EUTM Mali et sur l'action de l'Union européenne au sud de la Libye

A. L'idée est exactement celle de la régionalisation de notre soutien à la sécurité du Sahel.  Nous avons déjà une présence de l'Union européenne dans la région qui fait de la formation et nous avons discuté avec nos amis du G5 de la possibilité de régionaliser cet effort; c’est-à-dire d'aller au-delà de la présence que nous avons maintenant. Et je dois dire que l'idée a été bien reçue. Nous allons maintenant la partager suivant toutes les procédures internes que nous avons et essayer de la mettre en place dans les prochains mois.

Je voudrais ajouter une chose sur la frontière libyenne car comme je l'ai dit, nous allons avoir dans quelques heures une réunion que l'Union européenne facilite entre moi-même, Monsieur Faki [Ministre des affaires étrangères du Tchad], le Ministre du Niger et le Ministre Libyen sur la gestion des frontières sud de la Libye. C'est quelque chose qui est extrêmement important des deux côtés: du côté de l'Union européenne, nous voyons clairement la nécessité de contrôler le flux de migrants qui passe par la frontière Sud de la Libye et entrent dans le pays. C'est une priorité aussi pour les Libyens, bien sûr parce qu'autrement cela devient difficile à gérer, c'est d'ailleurs déjà difficile à gérer.   Mais il arrive parfois de ne pas savoir, du côté du Sahel, ce qui peut sortir de la frontière libyenne vers le Sud. C'est aussi cela que nous voulons aborder lors de cette réunion à quatre [Niger, Tchad, Libye, UE] cet après-midi. Il s'agit de voir s'il y a des façons de faciliter ou de rendre possible une gestion des frontières partagée ou tout au moins coordonnée dans les deux sens: pour nous la route d'Agadez est fondamentale pour les flux migratoires et je tiens à dire que cela est premièrement une question humanitaire; ce qui s'est passé hier dans le nord du Niger nous montre qu'il n'est pas seulement question de sauver des vies en mer Méditerranée- ce que nous faisons chaque jour; chaque jour  il y a des vies sauvées par l'Union européenne dans la Méditerranée – mais il faut faire la même chose, il faut sauver des vies dans le désert avant qu'ils n'arrivent sur les côtes de la Méditerranée. C'est une responsabilité que, une fois de plus, nous partageons.

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