Source: Médecins sans frontières (MSF) |

Diffa, Niger : l'épidémie d'hépatite E met en évidence le manque d’infrastructures d’eau et d’assainissement adéquates parmi les populations déplacées

Entre décembre 2016 et le 23 avril 2017, 25 femmes enceintes sont décédées d’une insuffisance hépatique aiguë au Centre de Santé Mère-Enfant de la ville de Diffa

GENEVA, Suisse, 26 avril 2017/APO/ --

L'actuelle épidémie d'hépatite E à Diffa, déclarée la semaine dernière par les autorités nigériennes, met en évidence la mauvaise qualité de l’approvisionnement en eau, et des conditions d’hygiène et d’assainissement dans lesquelles vit la grande majorité des populations déplacées et réfugiées de la région, a déclaré aujourd'hui l'organisation internationale Médecins Sans Frontières (MSF).

Entre décembre 2016 et le 23 avril 2017, 135 cas d’ictère ont été identifiés dans la région de Diffa. L’ictère est l’un des symptômes les plus courants de l’hépatite E, qui provoque un jaunissement de la peau et des yeux. La majorité des cas sont des femmes enceintes qui ont dû être admises au Centre de Santé Mère-Enfant de la ville de Diffa, où MSF travaille avec le Ministère de la Santé Publique ; 25 d’entre elles sont décédées d’une insuffisance hépatique aiguë. L’hépatite E a finalement été confirmée par des analyses en laboratoire à la mi-avril.

L'hépatite E, causée par le virus VHE, peut conduire à une insuffisance hépatique et entraîner la mort. Elle n’a pas de traitement spécifique, et est particulièrement mortelle chez les femmes enceintes. La maladie se propage principalement par le biais de l'eau contaminée.

L'actuelle épidémie d'hépatite E est étroitement liée aux manquements de l’approvisionnement en eau, et des infrastructures d'hygiène et d’assainissement pour les populations déplacées et réfugiées à Diffa ; 240 000 personnes selon les chiffres officiels. Il s'agit d'une population particulièrement vulnérable qui subit depuis plusieurs années les conséquences du conflit entre Boko Haram et les armées de la région.

« Les activités d’eau et d’assainissement ne répondent clairement pas aux besoins de cette population, comme nous l’avertissons depuis des mois », explique Elmounzer Ag Jiddou, chef de mission pour MSF au Niger. « C'est pourquoi nous appelons les autorités et toutes les organisations humanitaires présentes à Diffa à renforcer rapidement et considérablement leur intervention dans ce domaine afin d'assurer un approvisionnement en eau et un système d'assainissement adéquats. »

Afin d'endiguer l'épidémie, MSF travaille en étroite collaboration avec le ministère de la Santé Publique depuis plusieurs semaines. L’organisation appuie à la formation du personnel de santé, et assure la mise en place de ressources humaines et matérielles spécifiques au niveau de la communauté, des centres de santé et des hôpitaux afin d’assurer la détection précoce des cas, le référencement vers les infrastructures médicales et la prise en charge des patients. Parallèlement, les équipes de MSF mènent des campagnes de sensibilisation auprès de la population sur les mesures d'hygiène de base, telles que le lavage des mains.

MSF a considérablement renforcé ses activités d’eau et d’assainissement à Kitchendi, Garin Wazan et Toumour où près de 135,000 personnes, pour la majorité déplacées, se sont installées. L’organisation distribue également des pastilles pour la chloration de l’eau, des savons et des nouveaux bidons destinés à 16,800 familles présentes dans ces localités. Jusqu’à présent, 105,700 litres d’eau ont été traités et des bidons, déjà en utilisation dans la communauté, ont été lavés afin de prévenir la propagation de la maladie.

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