Source: United Nations (UN) |

Le Comité Auditionne la Société Civile au Sujet des Rapports du Paraguay, de L’Afrique du Sud et de L’Ukraine

Pour ce qui est de l’Afrique du Sud, ont particulièrement été débattues les conséquences des mesures d’action affirmative mises en place dans le pays après l’abolition de l’apartheid afin de remédier à l’exclusion que ce système avait provoqué

GENEVA, Suisse, 8 août 2016/APO/ --

Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a entendu, ce matin, des intervenants de la société civile au sujet de la mise en œuvre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale au Paraguay, en Afrique du Sud et en Ukraine – trois des quatre pays dont les rapports seront examinés cette semaine.


 
S'agissant du Paraguay, l’attention a été attirée sur la situation des peuples autochtones au regard, notamment, des questions foncières et de la pauvreté et des discriminations sociales dont elles souffrent. 
 
Pour ce qui est de l’Afrique du Sud, ont particulièrement été débattues les conséquences des mesures d’action affirmative mises en place dans le pays après l’abolition de l’apartheid afin de remédier à l’exclusion que ce système avait provoqué. 
 
S’agissant enfin de l’Ukraine, le dialogue a essentiellement porté sur la situation des Roms; sur la xénophobie et les discours et actes haineux; ainsi que sur les conséquences de l’annexion de la Crimée et de la sécession de régions de l’est du pays avec le soutien de la Fédération de Russie.
 
Cet après-midi, à 15 heures, le Comité entamera l'examen du rapport du Paraguay qu’il achèvera demain matin.
 
 Audition de la société civile
 
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S’agissant de l’Afrique du Sud
 
M. JOHAN KRUGER, représentant du syndicat Solidarity, a rappelé que l’Afrique du Sud était encore une jeune démocratie.  Il a estimé que le système d’action affirmative (ou « mesures spéciales » de protection), fondamentalement axé sur la race, était allé trop loin dans ce pays.  Chaque secteur économique est censé représenter exactement la diversité démographique sud-africaine; or, certains postes restent vacants lorsque certaines catégories y sont surreprésentées, a-t-il fait observer.  On ne saurait accepter que l’on refuse une promotion à un travailleur sous prétexte que sa race ou son ethnie figure déjà en nombre excessif dans la catégorie du poste visé, a-t-il insisté.  Il existe une classification raciale institutionnalisée qui a des conséquences graves pour les minorités du pays, a-t-il ajouté.  Le Comité doit orienter l’Afrique du Sud quant aux meilleurs moyens d’appliquer une discrimination positive empreinte de bon sens, a estimé le représentant de Solidarity.  On ne saurait réparer un tort en instaurant une politique qui se voudrait à l’inverse de celle du passé, mais qui s’apparente en fait à une forme d’apartheid déguisé, a souligné une autre intervenante.
 
Dans le cadre du dialogue qui a suivi, une experte a demandé à l’intervenant si son syndicat avait été consulté lors de l’élaboration du rapport sud-africain.  Elle s’est en outre enquise du bilan que l’on pouvait tirer de ce qui a été entrepris depuis la fin de l’apartheid, il y a plus de vingt ans.  Un membre du Comité a demandé si était en voie d’être comblé l’abîme séparant la majorité de la population de la catégorie minoritaire de la population qui contrôlait l’économie du temps de l’apartheid.  Un expert a demandé des précisions sur les «tribunaux spéciaux pour l’égalité», tandis qu’une de ses collègue a souhaité savoir si une discrimination positive était appliquée au niveau parlementaire.
 
Le représentant de la société civile a indiqué ne pas avoir été consulté, rappelant que le Gouvernement sud-africain avait tardé à élaborer son rapport. Les ONG ont élaboré un rapport parallèle qui est resté sans écho, a-t-il affirmé.  Plus d’une trentaine d’actions en justice ont été lancées afin de réussir à cristalliser une jurisprudence sur l’«action affirmative», a-t-il ensuite indiqué.  L’apartheid était un système profondément ancré qu’il était impossible de rayer d’un trait de plume en instaurant la démocratie, a-t-il ensuite déclaré.  La marge de manœuvre dont jouissent les minorités se rétrécit, alors même que certaines d’entre elles ont souffert de l’apartheid, a-t-il en outre observé.  On assiste à la croissance de la classe moyenne, dont l’influence s’est exprimée récemment dans les urnes, a-t-il poursuivi.  Plus de 70% des écoles sont néanmoins toujours dysfonctionnelles dans les zones traditionnellement défavorisées. Quant à la représentation au Parlement, le mode d’élection étant le scrutin majoritaire, ce qui est favorable à l’ANC (Congrès national africain), il est difficile de faire progresser les choses en faveur des minorités, a-t-il été affirmé.
 
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